• Désir de reconnaissance et vanité ...
    Quand vous avez fait quelque chose dont on dit que c'est excellent, vous éprouvez une sensation de plaisir, et c'est légitime, c'est agréable. Mais... que se passe-t-il ensuite ?
    [Avec le temps] Vous voulez être reconnu par une foule de gens... Vous avez beau dire: " Je vais faire cela pour l'amour de mon gourou, pour l'amour de mon pays, pour l'amour de l'humanité, pour l'amour de Dieu ", en réalité vous êtes en quête de reconnaissance, et il en découle un orgueil grandissant. Lorsque vous agissez ainsi, c'est en pure perte.
    Je me demande si vous comprenez tout cela... Pour comprendre une chose telle que l'orgueil, vous devez être capable de l'appréhender de bout en bout de voir comment il naît et les désastres qu'il cause, d'en voir tous les aspects, ce qui signifie que vous devez être si vivement intéressé que votre esprit le suit jusqu'au bout et ne s'arrête pas à mi-chemin...
    Question 17 - Sur l'orgueil - Le sens du bonheur (1966) (Extrait)
    "Il est étonnant de voir comme la plupart des hommes veulent qu'on les reconnaisse et qu'on les loue : comme de grands poètes, des philosophes, cela gonfle leur ego, donne de grandes satisfactions, mais n'a guère de sens. Ce genre de reconnaissance nourrit la vanité et peut emplir nos poches, mais à quoi bon? Cela a pour effet de nous mettre à part des autres, et cela engendre des problèmes sans cesse croissants. La plupart des gens sont saisis du désir d'être admirés, d'accomplir, de réaliser et l'échec est inévitable, avec la douleur qui s'ensuit. Ce qu'il faut, c'est être libre, aussi bien du succès que des échecs. Dès le départ, ne pas chercher de résultats, faire ce que l'on aime, or aimer n'a ni récompense, ni punition. Agir est facile si l'amour est là".
    Pupul Jayakar Krishnamurti, une vie, Presses du Châtelet, p. 276 et 279.

     


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  • Si l’on perd le contact avec la nature, on perd le contact avec l’humanité. Coupé de tout rapport avec la nature, on devient un tueur. On peut alors massacrer des bébés phoques, des baleines, des dauphins et des hommes, pour le profit, le « sport », pour sa nourriture ou au nom de la science. La nature se sent alors menacée par vous et vous prive de sa beauté. Vous pourrez effectuer de longues promenades dans les bois ou camper dans des endroits merveilleux, vous resterez un tueur et tout rapport d’amitié avec ces lieux vous sera refusé. Vous n’êtes probablement proche de rien ni de quiconque, qu’il s’agisse de votre femme ou de votre mari. Vous êtes bien trop occupé, pris dans la course des profits et des pertes et dans le cycle de votre propre pensée, de vos plaisirs et de vos douleurs.

    Vous vivez dans les ténèbres de votre propre isolement et vouloir le fuir vous plonge dans des ténèbres encore plus profondes. Vous ne vous préoccupez que d’une survie à court terme, irréfléchie, que vous soyez accommodant ou violent. Et des milliers d’êtres meurent de faim ou sont massacrés à cause de votre irresponsabilité. Vous abandonnez la marche de ce monde aux politiciens corrompus et menteurs, aux intellectuels, aux spécialistes. Etant vous-mêmes dépourvu d’intégrité, vous édifiez une société immorale, malhonnête, qui repose sur l’égoïsme absolu. Et quand vous tentez de fuir cet univers dont vous êtes seul responsable, c’est pour aller sur les plages, dans les bois ou faire du « sport » avec un fusil.

    Il est possible que vous sachiez tout cela, mais cette connaissance ne peut nullement vous transformer. Ce n’est qu’en éprouvant le sentiment de faire partie intégrante du tout que vous serez relié à l’univers.

    Le journal de Krishnamurti, le 4 avril 1975.

     


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  •  [223] Car enfin, si vous voulez examiner ce qui assure aux juges des tribunaux en quelque nombre qu'ils soient, l'autorité importante qui les rend arbitres absolus de tous les habitants se cette ville, vous verrez que ce n'est ni terreur des armes, ni la force du corps, ni la vigueur de l'âge, en un mot rien autre chose que le pouvoir des lois. [224] Et le pouvoir des lois, d'où procède-t-il? Entendent-elles les cris d'un citoyen attaqué ? accourent-elles à son secours ? non. Elles ne sont par elles-mêmes que des écritures mortes, dépourvues de toute faculté d'agir. Qu'est-ce donc qui fait leur pouvoir ? c'est votre fidélité à les maintenir par l'exécution, et à Ies représenter dans toute leur force autant de fois qu'on les implore. Vous n'avez donc d'autorité que par les lois, comme les lois n'ont de pouvoir que par vous. [225] Chacun des juges doit donc secourir les lois attaquées, comme on le secourrait, s'il l'était lui-même. Les délits commis contre elles, quel que soit le coupable, doivent être, à ses yeux, des délits qui intéressent la sûreté commune ; et il est de sa religion d'empêcher que nulle charge publique, nulle pitié, nul crédit, nul artifice, que rien, en un mot, ne donne droit à personne de les violer impunément.
    ( http://remacle.org/bloodwolf/orateurs/demosthene/midias.htm )


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  • 1. Tout d'abord, vénère les dieux, selon le rang qui leur est attribué ; 2. respecte ta parole et honore les nobles héros et les génies souterrains ; 3. tu accompliras, ce faisant, ce que prescrivent les lois. 4. Honore aussi tes parents et ceux qui te sont les plus proches par le sang. 5. Parmi les autres, fais-toi des amis de ceux qui sont particulièrement vertueux. 6. Cède à la douceur des paroles et ne t'oppose pas aux actes utiles ; 7. ne va pas prendre en haine un ami pour une faute légère. 8. Cela, dans la mesure de tes forces, car la possibilité se trouve à côté de la nécessité. 9. Pénètre-toi bien des préceptes ci-dessus ; 10. mais tâche de prendre sur toi de régenter en premier lieu ton appétit et ton sommeil, puis tes passions 11. et ta colère. Ne commets aucune action honteuse, soit seul, soit de complicité avec un autre ; 12. par-dessus tout, respecte ta propre personne. 13. Ensuite exerce-toi à pratiquer la justice dans tes actes et tes paroles ; 14. apprends aussi à ne te comporter jamais d'une manière irréfléchie. 15. Sache que la mort est pour tous une loi inéluctable. 16. Habitue-toi aussi bien à acquérir des biens qu'à les perdre à l'occasion. 17. Parmi les maux que supportent les mortels, de par les divines Destinées, 18. supporte sans t'indigner la part qui t'est échue ; 19. mais efforce-toi d'y remédier dans la mesure de tes forces ; car dis-toi bien que 20. les maux qui accablent l'honnête homme ne sont pas si nombreux. 21. Bien des paroles — tant mauvaises que bonnes — viennent frapper les oreilles des hommes ; 22. ne te laisse pas effrayer par elles et ne te détourne pas non plus pour ne pas les entendre ; 23. si tu entends prononcer un mensonge, garde ton calme. 24. Mais ce que je vais te dire, il te faut l'observer en toute circonstance : 25. que personne, par des paroles ou des actes, ne te conduise 26. à faire ou à dire quoi que ce soit de contraire à ta véritable nature. 27. Réfléchis avant d'agir, pour éviter des sottises. 28. Agir et parler sans discernement est le fait d'un pauvre homme. 29. Accomplis, au contraire, ce qui ne te nuira pas par la suite. 30. Ne fais rien sans connaissance de cause et apprends ce qu'il faut savoir. 31. Telle est la règle pour vivre le plus agréablement. 32. Ne néglige pas non plus ta santé : 33. apporte de la mesure quand tu bois, manges, te livres aux exercices physiques. 34. J'entends par mesure ce qui ne te nuira pas. 35. Accoutume-toi à un régime sain, dénué de mollesse 36. et garde-toi de faire tout ce qui suscite l'envie. 37. Évite les dépenses déplacées, à la manière de celui qui n'a aucune expérience de l'honnêteté. 38. Pratique cependant la libéralité ; la mesure en tout est excellente. 39. Fais ce qui ne porte pas préjudice à ta nature véritable et réfléchis avant d'agir. 40. Ne laisse pas le sommeil envahir tes yeux alanguis 41. avant d'avoir procédé à ton examen de conscience quotidien : 42. « En quoi ai-je failli ? Qu'ai-je fait ? Qu'ai-je omis de mes devoirs ? » 43. Commence par le commencement et pose-toi, une à une, toutes ces questions. 44. Ensuite, si tu as mal agi, blâme ta conduite ; dans le cas contraire, réjouis-toi. 45. Voilà à quoi il faut t'efforcer, à quoi il faut donner tous tes soins ; voilà à quoi il faut t'attacher avec ferveur. 46. Ces préoccupations te mettront sur la voie de la divine sagesse. 47. Je le jure par celui qui nous a donné le Quaternaire, 48. principe de la nature éternelle. Eh bien ! Mets-toi au travail, 49. après avoir invoqué les dieux pour le mener à bien. Si tu possèdes ces principes, 50. tu connaîtras l'essence des dieux immortels et des dieux mortels, 51. les différences de toutes choses et les liens qui les unissent. 52. Tu connaîtras aussi les limites de ce qui est permis, la nature en tout semblable à elle-même ; 53. ainsi tu n'espéreras pas ce qui échappe à l'espérance et rien ne te sera caché. 54. Tu connaîtras également les hommes, victimes des maux qu'ils s'imposent eux-mêmes, leur misère, à eux qui ne sont capables de saisir ni par la vue 55. ni par l'ouïe les biens pourtant tout proches ; 56. peu d'entre eux savent se soustraire au malheur. 57. Tel est le destin qui afflige l'esprit des mortels ; comme des billes, 58. ils roulent de-ci, de-là, exposés à des souffrances infinies. 59. En effet, compagne affligeante, la Discorde leur nuit sans qu'ils s'en aperçoivent, 60. la Discorde apparue à leur naissance, qu'il faut se garder de provoquer et qu'il faut éviter, en lui cédant. 61. Zeus, père universel, tu délivrerais à coup sûr l'homme de bien des maux, 62. si tu montrais à tous les mortels à quel démon ils obéissent. 63. Pour toi, aie confiance, puisque les mortels sont de race divine 64. et que la sainte nature leur montre et leur découvre tous les secrets. 65. Si tu en prends ta part, tu observeras mes ordres 66. et, par la vertu de ce remède, tu libéreras ton âme de ces soucis. 67. Aussi abstiens-toi des mets que nous avons dits et, aussi bien dans les purifications 68. que dans l'affranchissement de l'âme séparée du corps, applique ton jugement, réfléchis sur chaque chose, 69. en élevant très haut ta pensée qui est le meilleur des guides. 70. Si tu négliges ton corps pour t'envoler jusqu'aux hauteurs libres de l'éther, 71. tu seras un dieu immortel, incorruptible et tu cesseras d'être exposé à la mort.

    traduits par M. Mario Meunier.


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  •  C'est alors qu'un soir où, comme d'habitude, il y avait chez moi plusieurs ouvriers - et que Nossar était des nôtres - l'idée surgit parmi nous de créer un organisme ouvrier permanent : une sorte de comité ou plut6t de conseil qui veillerait sur la suite des événements, servirait de lien entre tous les ouvriers, les renseignerait sur la situation et pourrait, le cas échéant, rallier autour de lui les forces ouvrières révolutionnaires.

    Je ne me rappelle pas exactement comment cette idée nous vint. Mais je crois me souvenir que ce furent les ouvriers eux-mêmes qui l'avancèrent.

    Le mot Soviet qui, en russe, signifie précisément conseil, fut prononcé pour la première fois dans ce sens spécifique.

    En somme, il s'agissait, dans cette première ébauche, d'une sorte de permanence ouvrière sociale .

    L'idée fut adoptée. Séance tenante, on essaya de fixer les bases d'organisation et de fonctionnement de ce "Soviet".

    Alors, rapidement, le projet prit de l'envergure.

    On décida de mettre les ouvriers de toutes les grandes usines de la capitale au courant de la nouvelle création et de procéder, toujours dans l'intimité, aux élections des membres de cet organisme qu'on appela, pour la première fois, Conseil (Soviet) des délégués ouvriers .

    En même temps, on posa une autre question : Qui dirigera les travaux du Soviet ? Qui sera placé à sa tête pour le guider ?

    Les ouvriers présents, sans hésitation, me proposèrent ce poste.

    Très touché par leur confiance, je déclinai néanmoins catégoriquement leur offre. Je dis à mes amis : "Vous êtes des ouvriers . Vous voulez créer un organisme qui devra s'occuper de vos intérêts ouvriers . Apprenez donc, dès le début, à mener vos affaires vous-mêmes . Ne confiez pas vos destinées à ceux qui ne sont pas des vôtres. Ne vous imposez pas de nouveaux maîtres ; ils finiront par vous dominer et vous trahir. Je suis persuadé qu'en ce qui concerne vos luttes et votre émancipation, personne, en dehors de vous-mêmes, ne pourra jamais aboutir à un vrai résultat. Pour vous, au-dessus de vous, à la place de vous-mêmes, personne ne fera jamais rien. Vous devez trouver votre président, votre secrétaire et les membres de votre commission administrative dans vos propres rangs . Si vous avez besoin de renseignements, d'éclaircissements, de certaines connaissances spéciales, de conseils, bref, d'une aide intellectuelle et morale qui relève d'une instruction approfondie, vous pouvez vous adresser à des intellectuels, à des gens instruits qui devront être heureux non pas de vous mener en maîtres, mais de vous apporter leur concours sans se mêler à vos organisations. Il est de leur devoir de vous prêter ce concours, car ce n'est pas de votre faute si l'instruction indispensable vous fait défaut. Ces amis intellectuels pourront même assister à vos réunions - avec voix consultative, sans plus."

    J'y ajoutai une autre objection : "Comment voulez-vous, dis-je, que je sois membre de votre organisation, n'étant pas ouvrier ? De quelle façon pourrais-je y pénétrer ?"

    A cette dernière question, il me fut répondu que rien ne serait plus facile : on me procurerait une carte d'ouvrier et je ferais partie de l'organisation sous un nom d'emprunt.

    Je m'élevai vigoureusement contre un tel procédé. Je le jugeai non seulement indigne de moi-même et des ouvriers, mais dangereux, néfaste. "Dans un mouvement ouvrier, dis-je, tout doit être franc, droit, sincère."

    Malgré mes suggestions, les amis ne se sentirent pas assez forts pour pouvoir se passer d'un "guide". Ils offrirent donc le poste de président à Nossar. Celui-ci, n'ayant pas les mêmes scrupules que moi, l'accepta.

    Quelques jours plus tard, on lui procurait une carte ouvrière au nom de Khroustaleff , délégué d'une usine.

    Bientôt les délégués de plusieurs usines de Saint-Pétersbourg tinrent leur première réunion.

    Nossar-Khroustaleff en fut nommé président.

    Du même coup, il devenait président de l'organisation : poste qu'il conserva par la suite, .jusqu'à son arrestation.

    Le premier Soviet était né.

    Voline, La révolution inconnue.
    https://fr.theanarchistlibrary.org/library/voline-la-revolution-inconnue#toc12


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